Liège: «Un guichet unique pour les réfugiés»

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Vendredi 4 mars 2016

Un article de Philippe Bodeux, Le Soir

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Cela fait six mois que Marie-France Mahy (PS) est à la tête du CPAS de Liège. Au départ, il s’agissait de remplacer provisoirement Claude Emonts, parti à la retraite. Mais son mandat s’est prolongé et pourrait encore s’étendre au-delà du mois de juin.

Comment concevez-vous votre rôle de présidente ff ?

J’ai toujours milité pour plus de justice et de cohésion sociale. La Ville et le CPAS partagent ces valeurs mais dans le contexte socio-économique actuel, le CPAS n’est pas directement à la manœuvre. Nous n’avons pas de prise sur le nombre de migrants qui vont solliciter l’aide sociale, l’augmentation des demandes de revenu d’insertion (RIS) ou de personnes exclues du chômage suite aux mesures fédérales. Malgré tout, il est de notre ressort de mettre en place des stratégies efficaces pour répondre à ces besoins. Par exemple, gérer le moment où les réfugiés vont sortir des centres ouverts après avoir reçu, soit un avis positif pour leur demande d’asile, soit le statut de protection subsidiaire. Octroyer l’aide sociale après enquête aide les réfugiés à se loger, permet de leur fournir une aide médicale urgente. Cela va engendrer du travail supplémentaire pour nos agents.

Qu’allez-vous mettre en place concrètement ?

Tout d’abord, il faut travailler en collaboration avec le riche tissu associatif liégeois. Ensuite, à l’interne, nous allons collaborer avec la Ville pour créer une cellule spécifique du même type que Tempor, créée à l’époque pour accueillir les personnes exclues du chômage. Selon les prévisions de Fedasil, nous allons avoir majoritairement des hommes seuls (53 %) et des familles (38 %). Mais il y aura aussi des mineurs non accompagnés (Mena) qui représentent tout de même près de 8 % des réfugiés. Ce guichet unique vise à plus d’efficacité.

Avec quels moyens ?

Selon les informations que nous avons du fédéral, ce dernier va assumer durant cinq ans 100 % de l’aide sociale pour les réfugiés. Et nous devrions avoir une majoration de 10 % pour les frais indirects liés à la mobilisation de moyens humains. Cela ne suffira pas : il faudra aussi couvrir les aides médicales urgentes pour ceux qui n’ont pas de statut. Ceci dit, il n’y aura pas de voie royale pour les demandeurs d’asile de la dernière vague migratoire. L’objectif reste de traiter tout le monde de manière équitable.

Aujourd’hui, ces personnes sont dans des centres ouverts. Avez-vous déjà connaissance de leurs besoins et compétences pour anticiper leur insertion ?

Non, il n’y a pas de pré-enquête sociale. Un des défis consiste à anticiper le décret qui organise le parcours d’intégration avec l’obligation de cours de citoyenneté et d’apprentissage du français. Ici aussi, le travail avec le secteur associatif est indispensable notamment pour former des personnes capables de donner ces cours. Or, actuellement, les associations sont déjà saturées de demandes !

D’autres priorités ?

Intensifier les actions auprès des jeunes de la tranche 18-25 ans pour qu’ils trouvent un emploi. C’est une préoccupation du fédéral que nous partageons. Nous avons déjà une antenne jeune avec un suivi spécialisé. Le renforcer, avec des moyens complémentaires, est une fort bonne chose !

L’heure est aux synergies entre la Ville et le CPAS. Comment les vivez-vous ?

Très bien ! Assister aux réunions du Collège me permet de relayer nos besoins et de trouver des solutions avec les échevins. Un exemple : le déménagement des services du CPAS de la place Saint-Jacques vers la nouvelle cité administrative qui devrait être rénovée pour 2018. Nous voulons y créer un guichet unique CPAS où l’encodage des dossiers se fera une seule et unique fois avant de diriger les personnes vers les antennes. Ce genre d’économies d’échelle est possible grâce au partenariat avec la Ville. En matière d’accueil de SDF, nous prévoyons de créer une structure d’accueil spécifique hors du centre-ville, dans un lieu avec une cour intérieure, moins générateur de bagarres, de scènes de rue peu agréables et qui occasionne moins de nuisances pour le voisinage.

Les encodages manuels sur fiches papier, écrites et recopiées parfois plusieurs fois, c’est du passé ?

Pas encore, nous recherchons le bon logiciel qui permette notamment de garantir la confidentialité requise mais l’informatisation est en route et doit être achevée avant le transfert à la Cité. Notre service financier doit rejoindre celui de la Ville, encore une autre économie d’échelle. Tout cela va permettre aux agents de gagner du temps et de mieux traiter les dossiers. Nous avons un accord avec la Ville sur un cliquet : si le nombre de dossiers de RIS géré par agent par an dépasse un plafond de 100, on engage une personne supplémentaire. En contrepartie, le CPAS s’engage à plus de transparence et plus d’efficacité dans sa gestion.

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