L’hôpital de Bavière fut inauguré en 1895 par le Roi Léopold II. Il s’agissait alors d’un hôpital moderne, composé de 35 bâtiments dont plusieurs reliés par des tunnels, développé sur une superficie de quatre hectares.
Durant près d’un siècle, il accueillera de nombreux patients et verra, notamment, naître un grand nombre de liégeoises et liégeois. Il a occupé une place importante dans la vie de la ville et du quartier.
Dans les années 1960, l’Université de Liège et ce qui était encore la Commission d’assistance publique (CAP, aujourd’hui CPAS) constatent l’impossibilité d’adapter l’hôpital aux nouvelles techniques et modes de fonctionnement. Les deux structures décident de se séparer.
L’Université opte pour le Sart-Tilman – où elle crée un vaste campus – pour y implanter un Centre Hospitalier Universitaire (C.H.U.), inauguré en 1985.
Quant au C.P.A.S., il établit un Centre Hospitalier Régional (C.H.R.) sur le site de la Citadelle, sa construction s’achève dans les années 1980.
À la fin des années 80, le C.P.A.S. est dans une situation financière telle qu’un Commissaire du Gouvernement est désigné et préconise des mesures radicales pour le patrimoine immobilier désaffecté. C’est dans ce cadre qu’aura lieu une importante vente de bâtiments, et notamment : le site de Bavière et ses bâtiments, l’ancien Hôpital des Anglais ou encore Sainte-Agathe. Le C.P.A.S. vendra le site en 1989 à la SA GALAICO qui a remis l’offre la plus intéressante et qui lance un concours international d’architecture.
Depuis bientôt 30 ans donc, le site n’est plus dans le giron public.
Divers projets sont présentés :
- HERON CITY : centre de loisirs (cinémas, commerces centre sportif, centre de divertissement, parkings) ;
- ARNOULD et partenaires : hôtel, logements, commerces, bureaux, cinémas, salle de spectacle et/ou de sport ;
- SA ESPACE BAVIERE – TRACTEBEL : maison de repos, hôtel, kots, logements, centre commercial, cinémas, bureaux, théâtre, studios radio/TV, parkings.
Entretemps, la démolition des bâtiments (arasement jusqu’au niveau du sol) présents sur le site débute en 1991 et se termine fin 1993. Seuls subsistent l’institut de Stomatologie, le bâtiment d’entrée (repris à l’inventaire du Patrimoine) et la chapelle Saint-Augustin qui est classée.
Le projet de la SA ESPACE BAVIÈRE - TRACTEBEL, présenté en 1993, recevra un avis mitigé du fonctionnaire délégué de la Région wallonne et de la Ville de Liège. Le projet, considéré comme urbanistiquement médiocre, reçoit à nouveau un avis négatif en 1994.
Le Collège a toujours eu la volonté d’accompagner les propriétaires du terrain pour définir l’affection idéale. Celui-ci souhaite que se développe sur le site un projet permettant de mêler les différentes fonctions nécessaires au développement du quartier et adaptées à celui-ci, à savoir : du logement, des commerces de proximité et des infrastructures publiques.
C’est sur cette base, qu’en 1999, le Conseil communal charge un bureau d’étude d’envisager les affectations possibles du site, toujours propriété à cette époque du groupe TRACTEBEL.
Un schéma d’urbanisme est présenté, il développe un projet de « Cité des sports » qui comprend une piscine olympique, une piscine ludique, une galerie dédiée au sport et à la santé, du logement moyen ainsi qu’un nouvel espace culturel permettant d’organiser un très large champ de manifestations et un hôtel.
Le groupe BOUYGUES BELGIUM marque alors son intérêt et signe une option d’achat du site. On parle alors d’un investissement global de 6,5 milliards de francs belge reposant en bonne partie sur des subsides publics ainsi qu’un canon emphytéotique important à charge des pouvoirs publics. Ce projet (voir photo) ne se développera pas.
En 2005, devant l’incapacité à aboutir des différents projets portés par le secteur privé (depuis 1993) et la problématique de cette friche urbaine persistante, le Conseil communal décide de susciter à nouveau de l’intérêt pour le développement d’un projet sur le site : un appel à intérêt relatif à la définition d’un projet et d’un programme qualitatif d’aménagement du site est lancé.
La SA ESPACE BAVIERE - TRACTEBEL, toujours propriétaire du site mais incapable de le développer, s'engage alors à vendre sa propriété au lauréat qui serait désigné par la Ville à l’issue d’une procédure visant à classer, de manière impartiale, objective et transparente, les projets et programmes d’aménagement déposés dans le cadre de cette procédure.
A l'issue des deux phases de sélection prévues, 4 des 5 dossiers de candidatures seront retenus.
Le Collège des Bourgmestre et Echevins suivra le classement établi à l'unanimité par les membres du jury, le projet de la SA HIMMOS est retenu.
Le projet HIMMOS
Le projet HIMMOS propose, notamment, une diversité d’espaces publics, de respecter la morphologie des boulevards adjacents, de prendre en compte la proximité du plan d’eau de la Dérivation et de mettre en place une solution spatiale et acoustique tenant compte du trafic sur le quai de la Dérivation.
Ce projet comprenait 600 logements, des surfaces commerciales et culturelles, des bureaux et une crèche.
Dans la foulée de la crise bancaire de 2008, et alors que le permis de la première phase de développement est mis en œuvre, ce projet sera stoppé net et abandonné par la SA HIMMOS avant l’adjudication des offres pour la construction des premiers bâtiments de logements.
La SA HIMMOS tentera alors de revendre son terrain.
Un nouveau quartier à Bavière
En juin 2016, le masterplan du nouveau projet porté par la SA BAVIERE DEVELOPPEMENT est présenté au public. Dans ce projet :
- Le site de Bavière conserve un centre sportif. Le hall omnisport de la Constitution sera détruit et reconstruit sur le site, au nord de l’axe de la rue Schwann ;
- La Province y installera son pôle de développement culturel. Cet édifice sera dédié à l’écriture et au numérique au travers d’une bibliothèque, d'un centre de ressource, d’une pépinière d’entreprise et d’un « exploratoire des possibles », lieu de rencontre et de partage ;
- Une maison de repos et de soin, ainsi que des résidences pour étudiants sont intégrées aux différents îlots de logement ;
- L’implantation d'une polyclinique du C.H.U. et de l'institut de dentisterie est prévue ;
- L'installation de la haute école de la Province est retenue.
Le Collège communal a souhaité faire de la qualité des espaces publics et du cadre de vie une priorité dans le déploiement de ce nouveau projet. C’est en ce sens qu’un financement FEDER de 4 millions d’euros a été sollicité – et obtenu – par la Ville pour le réaménagement des voiries bordant le site : le boulevard de la Constitution et la rue des Bonnes Villes. Grâce à ce financement européen, il est prévu de redessiner les contours du site et ainsi de l’intégrer véritablement au quartier en le connectant à l’existant.
La stratégie qui est mise en œuvre pour ce faire repose sur quatre points :
- limiter l’emprise de la voiture ;
- apaiser le quartier en favoriser les modes de déplacement doux et les activités publiques de détente et de convivialité ;
- développer les liens physiques ou visuels avec le fleuve mais aussi avec les quartiers riverains ;
- augmenter significativement les aménagements verts.
2017, les permis sont déposés tant pour le réaménagement du Boulevard de la Constitution et de la rue des Bonnes Villes que pour la construction du pôle culturel et la réalisation des voiries internes au site.
Pour plus de détails, voir aussi : http://www.willydemeyer.be/billet/liege/2017-07-04/le-renouveau-de-bavie...