Mesdames, Messieurs,
En décembre 2006, j’ai réuni la Conférence des 24 Bourgmestres de l’arrondissement de Liège à Blegny.
C’était la 1ère réunion après les élections communales de la même année.
Il y a 12 ans.
J’avais porté à l’ordre du jour un thème que nous souhaitions porter à bras le corps : la mobilité à l’échelle de notre bassin de vie.
La discussion a été enthousiaste, les suggestions ont fleuri et quand je relis le PV de cette réunion, tout était dit ou presque : nous voulions un tram, des parkings de dissuasion, des bus modernisés, un réseau urbain de trains…
La décision de principe était prise : l’arrondissement de Liège souhaitait miser sur le tram non seulement pour réorganiser sa mobilité mais aussi pour assurer son développement.
Aujourd’hui, il n’est pas exagéré de qualifier d’« historique » cette réunion des 24 Bourgmestres de notre arrondissement.
12 ans déjà.
Depuis cette date, de nombreux épisodes sont venus émailler cette longue marche.
Je retiens que c’est notre candidature à l’expo 2017 qui, en mars 2012, nous a permis d’obtenir une décision favorable du Gouvernement Wallon de l’époque assurant le financement du tram.
Je retiens aussi qu’EUROSTAT, l’office européen de surveillance des normes comptables, a failli en janvier 2016 remettre en cause notre projet de tram.
A cette époque, les Liégeois ont fait montre de leur détermination auprès du GW. Je salue à ce sujet Michel FIRKET, en charge du dossier lors de la précédente législature communale, pour son investissement sans faille à mes côtés ainsi que les deux membres de notre personnel, Jean-Christophe PETERKENNE et Jean-François LEBLANC, qui portent administrativement ce projet depuis 12 ans.
Je tiens aussi à remercier très sincèrement les 3 Ministres qui se sont succédés au niveau wallon pour la gestion du projet : André ANTOINE, Philippe HENRY et Carlo DI ANTONIO.
Ils ont chacun apporté une contribution décisive à la bonne progression du dossier jusqu’à la signature, ce jour, de cet important marché.
Permettez-moi d’associer un 4ème Ministre à ces remerciements car il a contribué à rendre ce projet possible : c’est Jean-Claude MARCOURT. Il l’a porté avec nous depuis sa genèse.
Mesdames, Messieurs,
Le Liège de 2006 n’est plus celui de 2019.
La Ville a 10.000 habitants de plus. 100.000 étudiants, élèves ou écoliers y suivent un enseignement au quotidien.
Pas loin de 400.000 nuitées touristiques par an. Plus de 10.000 entreprises sur son territoire.
Aujourd’hui, notre Projet de Ville s’est concrétisé en bonne partie.
Le Théâtre, l’Opéra, les cinémas Sauvenière, le Grand Curtius, la Cité Miroir et la Boverie ont vu le jour ou ont été profondément rénovés pour asseoir la vocation culturelle de Liège.
Le Val Benoît, Coronmeuse, Bressoux-Droixhe et Bavière ont débuté leur mue pour reconstruire la ville sur la ville et proposer de nouvelles solutions de logements.
Le quartier des Guillemins, la passerelle et les quais de Meuse ont créé un nouveau lien entre la rive gauche et la rive droite, entre la Meuse et les Liégeois-es pour accroître la qualité de vie urbaine.
Et la gare TGV de Calatrava nous relie depuis presque 10 ans à l’Europe pour affirmer la dimension internationale de notre Métropole.
Une chose est certaine : entre ces différents pôles, il fallait une articulation.
Le tram sera celle-là.
Mais le tram sera bien plus qu’un moyen de transport permettant d’aller d’un endroit à l’autre.
Je dirais même que sa pertinence est encore plus affirmée aujourd’hui qu’en 2006, lorsque nous l’avons appelé de nos voeux.
Pour les habitants et les visiteurs de Liège, le tram va en effet générer un triple bénéfice :
- Un bénéfice climatique
- Un bénéfice urbanistique
- Un bénéfice social
Un bénéfice climatique d’abord.
Aujourd’hui, les jeunes nous poussent avec raison à mobiliser toutes nos forces pour préserver la planète et l’humanité.
Le tram va considérablement améliorer la qualité de l’air en ville car il va permettre de supprimer les émissions produites par plusieurs milliers de bus au quotidien sur son parcours. Il va également éviter à des milliers de voitures d’entrer dans le cœur de la ville grâce aux 1500 places de parkings de persuasion aux terminus du tram.
Il est donc une réponse concrète aux souhaits de nos jeunes concitoyens car la présence du tram va diminuer les gaz à effet de serre.
Le tram sera également un catalyseur urbanistique.
Le chantier ne va pas consister à poser deux rails sur le sol dans chaque sens. Il s’agit d’une véritable mutation urbaine tout au long du parcours puisque les espaces publics seront rénovés de façade à façade.
50 hectares seront aménagés pour créer des espaces apaisés, des cheminements piétons et des parcours cyclistes.
La transformation de Liège que ce projet génèrera sera sans précédent.
Le tram engendrera également un bénéfice social.
Actuellement, celles et ceux qui n’ont pas d’autres alternatives prennent des transports en commun bondés, au confort très relatif, dans des conditions difficilement acceptables aux heures de pointe pour une Métropole qui veut s’affirmer.
Demain, avec le tram, les citoyens seront transportés plus rapidement, avec un confort grandement amélioré et une régularité assurée.
Le tram a bien une vocation sociale car il entend offrir le meilleur à toute la population, sans aucune discrimination.
Mesdames, Messieurs,
A ce stade de mon intervention, je voudrais partager avec vous une réflexion et formuler plusieurs demandes essentielles.
Ma réflexion portera sur le chantier. Ne nous voilons pas la face : d’ici octobre 2022, nous allons devoir faire face à des travaux d’ampleur.
Ensemble, avec le TEC, le Service Public de Wallonie et le consortium choisi, nous allons tout mettre en œuvre pour informer les riverains et traiter une par une les interrogations légitimes des citoyens quant aux impacts sur la vie quotidienne.
Pour cela, nous travaillerons en étroite concertation avec les comités de quartier, le plus en amont possible.
Dès le mois de mars, nous entamerons des contacts précis avec chacune et chacun d’entre-vous.
Nous veillerons aussi à communiquer pour continuer à rendre Liège accessible pendant cette période. En particulier pour ses commerces et ses activités culturelles.
Nous proposerons avec Gilles FORET des alternatives de mobilité, notamment en utilisant toutes les formes de mobilité douces et intelligentes qui seront disponibles.
Au-delà de cette réflexion sur le chantier, je profite de cette occasion unique pour formuler 3 demandes :
1° Le tram ne doit pas être considéré comme une fin en soi. Cela doit être le début d’une nouvelle ère qui nous incite véritablement à changer toutes et tous de comportement dans nos déplacements.
Pour cela, et je me tourne vers la Wallonie, il faut obtenir en 2022 du nouveau matériel roulant BHNS, Bus à Haut Niveau de Service, pour offrir à tous les usagers des transports en commun liégeois une véritable alternative à l’échelle de l’arrondissement.
Nous, les 24 villes et communes liégeoises, allons travailler pour réserver les sites propres nécessaires à ces grands bus bi-articulés de 24 mètres complémentaires au tram.
Donnez-nous les moyens de rencontrer les ambitions que nous portons tous ensemble dans le Plan Urbain de Mobilité, actuellement soumis à l’examen des conseillers communaux.
2° Convenons également ensemble, dans un calendrier raisonnable, de prolonger le tram jusqu’à Jemeppe et jusqu’à Herstal.
Cette extension, initialement prévue, reste plus que pertinente à l’échelle métropolitaine.
3° Enfin, au nom de tous les citoyens liégeois et de toutes les communes liégeoises, je formule la demande d’accélérer le processus de réorganisation des itinéraires de bus pour mieux et plus desservir les quartiers de la Ville et des communes avoisinantes.
Nous sollicitons, en notre qualité d’élus communaux, d’être mieux impliqués dans ce processus.
Mesdames, Messieurs,
Je conclus.
En Wallonie, c’est à Liège que les transports en commun sont - de loin - les plus utilisés.
En effet, 42% des voyageurs du TEC en Wallonie empruntent les seules lignes urbaines liégeoises. Par jour, cela représente le chiffre de 225.000 voyageurs.
Nous remercions à ce titre les autorités wallonnes d’avoir reconnu cette particularité en investissant dans ce tram qui, alors qu’il n’existe pas encore, est déjà devenu le nôtre.
Profitons de cet élan pour faire de Liège une Métropole – laboratoire en matière de mobilité, qui intègre toutes les solutions innovantes.
Et faire de la mobilité un atout de développement plutôt qu’une contrainte.
L’arrivée du tram va ponctuer le Projet de Ville que nous façonnons depuis 15 ans.
Et ouvre une nouvelle perspective enthousiasmante : celle de créer, à partir de notre arrondissement, une véritable Métropole liégeoise qui attire positivement tous les regards.
Vive le tram liégeois !
Vive la Wallonie !
Vive la Métropole liégeoise !