Alors que Strasbourg organise un colloque européen sur les salles de consommation, Liège tire le bilan des 6 premiers mois de son infrastructure de réduction des risques.
Après 6 mois de fonctionnement, la Ville de Liège estime que la SCMR « Såf ’ ti », ouverte le 5 septembre 2018, rencontre les 6 recommandations émises par les experts, les acteurs de terrain et validées par les Autorités liégeoises :
1. Atteindre autant que possible la population cible des usagers à haut risque, spécialement consommateurs réguliers et de longue date d’héroïne et/ou de cocaïne, principalement injecteurs ou qui l’ont été, consommateurs de rue marginalisés et échappant aux circuits de soins généraux ou spécialisés ;
2. Procurer un environnement sain et sécurisé susceptible de diminuer les risques et d’améliorer les conditions d’hygiène de la consommation des drogues (objectif sanitaire immédiat) ;
3. Réduire la morbidité et la mortalité associées à l’usage des drogues (objectif sanitaire intermédiaire) ;
4. Stabiliser et améliorer l’état de santé des usagers (objectif sanitaire à long terme) ;
5. Réduire l’usage des drogues dans l’espace public et les nuisances associées ;
6. Prévenir la criminalité dans et aux abords des locaux de consommation.
Le public visé est atteint
Conçu avec l’objectif d’atteindre 300 toxicomanes fortement marginalisés, consommant en rue, la SCMR compte aujourd’hui 363 usagers.
Ces usagers ont réalisé 6.292 passages dans la Salle au cours des 6 mois écoulés avec une moyenne de 40 passages par jour, principalement entre 12h30 et 13h30.
Le public à 90% masculin, vit généralement en rue. La moyenne d’âge se situe entre 26 et 45 ans. Ces usagers consomment principalement de l’héroïne, de la cocaïne et du speed Ball (mélange cocaïne / héroïne).
Diminution de l’injection chez les consommateurs d’héroïne.
Progression continue de l’inhalation (55,26 % du total des passages), avec une forte prévalence, en hausse progressive, de l’héroïne (92,8 % des produits inhalés).
Stabilité, voire tendance au tassement, de l’injection (41,52 % du total des passages), avec équilibre qui s’accentue entre héroïne (53,88 %) et cocaïne (43 %), du fait de la tendance progressive à la baisse de l’injection de l’héroïne.
Progression de la consommation totale de cocaïne (22,26 % du total des passages), avec forte prévalence de l’injection (80,22 %) et présence de consommations de crack (6,56 % du total de la consommation de cocaïne).
Une habitude bien ancrée : le « speed ball », consommation concomitante de l’héroïne et de la cocaïne (2,55 % du total des passages).
Les autres produits représentent 1,5 % du total des consommations, principalement (86 %) par voie d’injection.
Faible présence du snif (0,6 % du total des passages), avec 1 cas de snif d’héroïne !
Une salle de consommation qui rencontre les objectifs définis par les Autorités liégeoises
Ce passage régulier dans la salle de consommation est aussi l'occasion de rencontrer un objectif sanitaire immédiat visant à améliorer les conditions d’hygiène de la consommation de drogues (objectif 2).
L’équipe d’infirmier.e.s et d’éducateurs.trices. ont appris à connaître les usagers et ont développé avec eux des formations / sensibilisations aux mesures d’hygiène et de santé : importance de se laver les mains, formation à l’injection ou utilisation du bicarbonate de soude au lieu de l’ammoniaque pour baser la cocaïne.
Conseils relatifs à la réduction des risques : 1067
Lavage des mains, après formation des usagers : 490 sur 887 injections
Usagers injecteurs convaincus de passer à l’inhalation : 44
Réduire la morbidité et la mortalité (objectif sanitaire intermédiaire 3)
Overdoses ayant nécessité une réanimation avant évacuation par les services d’urgence : 2
Nombre d’appels aux services d’urgence : 10
Stabiliser et améliorer l’état de santé des usagers (objectif sanitaire à long terme 4)
Consultations médicales : 85
Soins infirmiers : 428
Distribution de traitements : 69
Dépistages de la tuberculose : 15
Entretiens thérapeutiques : 93
Démarches sociales/ accompagnements : 126
Prévention santé : Information Gale et Tuberculose
On note que plusieurs usagers ont entamé des démarches de réinsertion ou entrepris un parcours de soins.
Le projet liégeois n’est pas isolé et fait l’objet d’accompagnement scientifique.
Inscrite dans le réseau européen « Solidify », la Ville de Liège participe à la mise en place d’un réseau européen de villes disposant de salles de consommation à moindre risque, développé en partenariat avec l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies basé à Lisbonne.
La Ville de Liège se réjouit que parmi les 15 recommandations de la Cellule générale de Politique Drogues pour la prochaine législature, il soit proposé un cadre réglementaire durable pour les salles de consommation à moindre risque qui devrait tenir compte des résultats des études scientifiques en la matière et des résultats du dispositif récemment mis en place à Liège. (Communiqué de presse du 25 mars 2019).