Les Bourgmestres, Échevins et Présidents des CPAS des Villes de Seraing et Liège ont tenu leur premier collège commun ce vendredi matin.
Les deux Bourgmestres, respectivement Francis Bekaert et Willy Demeyer, ont introduit la rencontre en rappelant que les deux entités partagent une réalité urbaine commune ainsi que des enjeux économiques importants tout en devant faire face à des défis sociaux similaires. Avec leurs équipes, ils en ont notamment profité pour évoquer la sécurité et les synergies entre les zones de police, la lutte contre les incivilités, la mobilité douce et structurante ou encore la situation et l’avenir des structures d’accueil pour sans-abris. L’objectif de ces réunions est d’aborder des problématiques communes afin de déterminer des projets qui déboucheront plus tard sur des actions concrètes.
En pratique, les différents collèges communaux ont donc prévu de se réunir à plusieurs reprises durant les prochains mois en binôme puis en trinôme.
C’est dans ce cadre que les autorités liégeoises et sérésiennes se sont réunies pour la première fois ce vendredi 7 février 2020 sur le territoire de la Cité du Fer.
Une réunion de travail durant laquelle plusieurs thèmes et sujets ont été abordés :
1. La sécurité et les synergies entre zones de police En cette matière, l’entraide existe depuis longtemps entre les deux corps de police que ce soit à travers les enquêtes communes, l’appui spécialisé du PAB ou l’aide transversale comme ce fut le cas lors des incidents du 31 décembre.
D’autres collaborations seront étudiées par les deux zones notamment en matière d’assistance aux victimes où un service de garde commun est envisagé afin d’étendre les heures d’ouverture, d’un renforcement des actions communes des Brigades canines ou la gestion des plaintes en ligne à travers l’acquisition d’un logiciel commun.
2. Lutte contre les incivilités Les incivilités en matière d’environnement sont nombreuses dans les villes et communes de Belgique. On ne compte plus le nombre de dépôts clandestins que les agents communaux ramassent de manière quotidienne.
A Seraing, parmi les quelque 80 travailleurs directement affectés au service sérésien de l’environnement, 40 d’entre eux ramassent chaque jour (samedi et dimanche compris) une quantité importante de déchets en tout genre. En tout, ce ne sont pas moins de 36,5 tonnes qui sont récoltées par semaine écoulée et ce, malgré les nombreux outils mis en place pour sensibiliser les citoyens. En effet, la Ville continue notamment de maintenir et promouvoir les primes communales à l’utilisation de langes lavables, de former des guides composteurs, d’organiser une journée « Seraing Ville Propre », de participer à l’opération « Grand nettoyage de printemps », de mettre à disposition des cendriers pour les établissements HORECA ou encore d’instaurer une prime à l’achat de litière écologique. Ces aides sont complétées par des mesures répressives. Cet arsenal visant à lutter contre les dépôts clandestins sera bientôt compléter par de nouvelles mesures.
Ainsi, la Ville de Seraing s’est notamment engagée à réaliser un plan local de propreté dans les deux ans afin de réduire considérablement les effets négatifs de cette problématique qui est l’une des grandes priorités des autorités politiques sérésiennes.
Du côté de Liège, la Ville oriente son travail de lutte contre les incivilités sur des Plans d’Actions Prioritaires (PAP).
L’objectif est de concentrer les forces vives de la Ville sur des quartiers à vocation commerciale et touristique. Sur base d’indicateurs objectifs et de rapports émanant des agents de terrain, tous les services de première ligne interviennent, durant plusieurs jours consécutifs, en vue de remettre la zone aux normes de qualité de vie. Une surveillance est ensuite enclenché pour maintenir cette norme et procéder à de la répression si nécessaire.
Depuis 2016, la philosophie a été élargie en s’attaquant à des problématiques plus vastes avec un travail portant plus sur le fond (ex : modification de règlements communaux « Brocantes ») ou sur des zones plus spécifiques (ex : fermeture du Parc N. Spiroux, concertation citoyenne rue des Remparts).
L’équipe des agents constatateurs sera renforcée afin de prévenir les comportements inappropriés et de sanctionner davantage les incivilités. Les actions CRS (Contrôle-Répression-Sanction) menées en collaboration avec la police seront également amplifiées.
L’incivilité n’ayant pas de frontières, la méthodologie des PAP a également été utilisée pour résoudre différentes problématiques portant sur des rues « frontalières » avec les communes d’Ans, Herstal et Saint-Nicolas. Lors de ces opérations, des comportements inadaptés en matière d'environnement, de sécurité, de stationnement, de propreté ou encore d'urbanisme peuvent faire l’objet d’une action communale concertée.
Les Collèges de Liège et Seraing vont donc définir le périmètre d’intervention qui pourrait faire l’objet d’un Plan d’Actions en 2020 tout en mettant en place des actions complémentaires et concertées, notamment avec l’intercommunale liégeoise Intradel, afin de réduire drastiquement des dépôts clandestins.
3. Mobilité douce et structurante Cette première réunion des Collèges de Liège et de Seraing est l’occasion de débattre des dossiers structurants permettant d’améliorer la continuité urbaine qui unit les deux villes.
Le Tram est bien sûr une composante importante de cette continuité. La Cité du Fer, à l’instar de la Ville de Herstal, souhaite plus que jamais étendre la ligne liégeoise telle qu’initialement prévue et ainsi lui permettre d’arriver au pied du pont de Seraing. Les trois Collèges se présenteront unis devant le Gouvernement wallon pour mettre en œuvre la DPR.
La Ville de Seraing a présenté son projet d’entrée de ville décarbonnéee. Les deux territoires ont un intérêt commun au développement harmonieux de la zone comprenant le Standard, le parc de Trasenster et l’OM. Un groupe de travail permanent sera prochainement mis en place.
En parallèle à ces projets d’envergure, les Villes de Seraing et Liège souhaitent également favoriser la mobilité douce entre leurs deux territoires. Celle-ci représente également une attente majeure pour les citoyens et les nombreux étudiants qui, quotidiennement, se déplacent entre les deux entités. C’est dans cette optique qu’elles ont imaginé la mise en place de deux corridors vélos structurants, l’un en rive gauche et l’autre en rive droite, qui permettront donc aux cyclistes de relier la Cité du Fer à la Cité ardente, et d’améliorer l’accès au Liège Science Park.
En pratique, cette future concrétisation permettra aux adeptes des deux roues de relier les grands pôles de la Métropole liégeoise: rejoindre notamment la Belle Liégeoise depuis le Boulevard urbain, et vice-versa, en 20 minutes et en toute sécurité, connecter le Parc scientifique et la Vallée via Ougrée.
4. Situation et avenir des structures d’accueil pour sans abris Les Villes de Liège et de Seraing luttent quotidiennement contre la précarité et l’exclusion sociale tout en travaillant activement à la réinsertion d’un public fragilisé.
Du côté de la Cité du Fer, le CPAS, a en 2016, en plus de ses structures existantes, mis notamment en place plusieurs actions, en collaboration avec les gardiens de la paix. En effet, un agent du service RAS (Réaction – Action – Solution, un service d’urgence disponible 7/7j et 24h/24) du CPAS a été mandaté pour débuter un véritable travail social sur Jemeppe avant d’étendre ses interventions sur l’ensemble du territoire de la Cité du Fer en 2017.
Depuis lors, il consacre une semaine par mois à la problématique de la mendicité et se rend pendant trois jours (lundi, mardi, mercredi) sur le terrain (Seraing, Jemeppe et Ougrée) pour aller à la rencontre des personnes précarisées ; les deux autres jours de la semaine, il traite leurs demandes. Quand il est sur place, il les invite alors à se rendre à son bureau pour faire un point sur leur situation tout en leur remettant une carte sur laquelle elles peuvent retrouver les coordonnées des services sérésiens mis en place pour les aider. Des rencontres qui n’ont d’ailleurs pas été vaines puisque de nombreuses personnes en situation précaire ont entrepris des démarches pour améliorer leurs conditions de vie : en 2016, sur 27 personnes rencontrées, 12 ont effectué les démarches proposées ; en 2017, sur les 55 personnes rencontrées, 14 ont entrepris des démarches ; en 2018, sur 64 personnes rencontrées, 26 ont effectué des démarches. Un beau projet qui, comme les autres projets du RAS, est subventionné dans le cadre du Relais Social du Pays de Liège.
Si les deux collèges se réjouissent de la collaboration efficace entretenue à travers le Relais Social du Pays de Liège en matière d’Abri de nuit, les deux villes sont confrontées aux mêmes difficultés en ce qui concerne le relogement des personnes sans-abris.
La Ville de Seraing à travers son Abri de 14 lits « Un toit pour la nuit » est un partenaire essentiel de la Ville de Liège en matière de logement d’urgence. En effet, l’Abri de Seraing accueille régulièrement des personnes n’ayant trouvé place dans les structures liégeoises.
L’apport du TEC Liège-Verviers est également utile puisque 250 trajets A/R sont offerts annuellement aux usagers pour rallier la Cité du Fer.
Toutefois, au-delà de la ligne d’urgence, les deux villes veulent développer les actions de relogement type « Housing First », c’est d’ailleurs en ce sens que les appels à projets 2020 ont été rédigés.
Bonne nouvelle, puisque la Ministre en charge de l’Action sociale, Christie Morreale vient d’annoncer que le Gouvernement wallon allait renforcer l’action des Relais sociaux de Wallonie à hauteur de 350.000 € soit 50.000 € par Relais.
Seraing ne disposant des moyens nécessaires au développement d’une action ciblée «Housing First», bénéficierait ainsi de ce nouveau subside permettant l’engagement d’un éducateur dédié au projet. L’amplification de moyens « Housing First » et « case management » (suivi individualisé des personnes représentent tant pour Francis Bekaert que pour Willy Demeyer une priorité.
L’initiative « Casiers solidaires » qui à Liège va s’étendre près de la Gare des Guillemins devrait également être concrétisée à Seraing dans les prochains mois.
En conclusion, cette réunion commune a d’ores et déjà permis d’y voir plus clair sur les différents projets communs à mettre en place afin de définir une série de thématiques et d’urgences sur lesquelles il est impératif de s’attarder.