Discours de Monsieur Willy Demeyer
Bourgmestre de la Ville de Liège, prononcé à l’Opéra Royal de Wallonie le dimanche 17 septembre 2023, dans le cadre du 193ème anniversaire des Evénements de 1830 et de la célébration des Fêtes de Wallonie.
Mesdames et Messieurs en vos titres, grades et qualité,
Chers amis,
Notre rendez-vous annuel au Théâtre Royal pour les Fêtes de Wallonie organisées avec la Province est toujours un grand moment.
Merci à Stefano Pace et à ses équipes pour leur accueil. Merci au service du Protocole de la Ville.
En Cité ardente, la culture rime souvent avec la jeunesse.
Permettez-moi, en votre nom, de remercier les jeunes danseuses et danseurs de la Mosa Ballet School ainsi que les jeunes chanteurs de la Chorale Anima qui nous apportent un vent de fraîcheur et assurent la partie artistique de notre matinée.
Enfin, vous découvrirez celles et ceux, méritantes et méritants qui à travers leurs engagements et leurs actions apportent à notre ville un supplément d’âme.
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Mesdames et Messieurs,
Cette intervention est avant tout un moment qui permet d’élargir notre champ de réflexion.
C’est pourquoi, je vous propose d’entamer ce propos par une pensée pour la Lybie qui vient de subir des inondations dévastatrices.
Plus près de nous, c’est le Maroc qui a été durement touché, il y a une semaine, par un important séisme.
Le nombre de victimes et de blessés est important et le pays est aujourd’hui confronté aux difficultés d’intervention dans une zone montagneuse et difficile d’accès.
Dès l’annonce de la catastrophe, en collaboration avec son Excellence Abdelkader Abidine, Consul Général du Maroc, aux côtés de la communauté liégeo-marocaine, la Ville, ses citoyennes, ses citoyens se sont mobilisés.
Le drapeau marocain a été hissé sur la Violette.
Des minutes de silence ont été respectées, des registres de condoléances ont été ouverts et les initiatives concrètes sont en cours.
Les actions de solidarité ne faibliront pas. Elles sont la manifestation des liens d’affection qui unissent les Liégeois quelle que soit leur origine.
Mesdames, Messieurs, à Liège aussi, nous n’avons pas été épargnés.
Depuis 2018, les crises sont permanentes :
Terrorisme, Covid, inondations, attaque informatique, crises énergétique, financière, climatique.
De manière résiliente, elles ont été ou elles sont affrontées. Je voudrais remercier l’ensemble des services et des personnes qui se sont investis et qui travaillent encore en faveur des personnes impactées.
Notre Palais des Congrès, dévasté par les inondations est à nouveau accessible. Nous y organiserons des cérémonies de remerciement avant la fin de cette année.
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Quels sont les dossiers qui, aujourd’hui, réclament notre attention ?
Nous devons tout d’abord être attentifs aux tensions sociales, sociétales qui journellement naissent dans le contexte compliqué que nous traversons.
D’autre part, toutes les difficultés que je viens d’énoncer ont engendré une situation délicate pour nos finances communales.
Je reviendrai sur ces 2 thèmes dans le courant de mon intervention.
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Ensuite, le dossier du Tram, projet piloté par l’Office des transports wallons, projet indispensable en termes de mobilité douce et d’offre de transport digne, a connu un début de réalisation problématique.
Je me réjouis qu’un accord soit intervenu, avec mon insistance, entre Tram Ardent et l’OTW, accord qui prévoit la bonne fin des travaux et un calendrier.
Enfin, la Toxicomanie qui, sous l’influence, des mafias de la drogue, crée une situation impossible dans nos centres-villes, pour les usagers, les habitants et les commerçants, déjà impactés par les crises précédentes et par le commerce en ligne.
Mesdames et Messieurs, après tous ces événements et dans ce contexte, nous devons stabiliser la situation, reconstruire Liège, nous réapproprier l’espace public durement malmené par les crises.
En ce qui concerne le Tram, les travaux impactants se termineront, nous dit-on, pour la fin de cette année.
Il faut adapter, dans cet intervalle, des centaines de règlementations communales afin de prévoir de nouvelles mesures de circulation.
Les rues, les places, les piétonniers devront être débarrassés des obstacles et rendus à une mobilité apaisée.
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A propos de la toxicomanie, nos villes souffrent de l’absence d’une politique fédérale adaptée.
L’exemple du cannabis est parlant. Les dealeurs arrêtés par notre police ne sont pas poursuivis mais on refuse de parler de légalisation.
Je rappelle qu’une politique drogue efficace s’appuie sur une séquence qui comprend la prévention, la réduction des risques, les soins et la répression.
A cet égard, la salle de consommation, qui conserve toute son utilité, n’est qu’un élément de cette chaîne.
Je voudrais également saluer l’initiative de la Région wallonne pour des villes « zéro sans abrisme » qui devrait grandement nous aider.
Nos actions seront également décuplées en matière de lutte contre les immeubles abandonnés, l’insalubrité et les marchands de sommeil.
Nous combattrons le bruit et la vitesse excessive.
Nous lutterons contre les dépôts clandestins et la malpropreté.
Nous ferons appel au civisme, au civisme fiscal et au respect.
Il est de bon ton d’être exigeant vis-à-vis de la Ville, du CPAS, de la Police et de tous les services publics mais cette relation doit exister dans les deux sens.
Elle doit pouvoir s’appuyer sur un engagement positif et citoyen.
Il n’en reste pas moins vrai que les services municipaux, fortement sollicités seront en première ligne pour cette réappropriation de la ville par les Liégeoises et les Liégeois.
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Service public au premier rang desquels je citerai la Police.
Dans toutes les crises, la Police communale est en première ligne.
Monsieur Demelenne, qui a accepté la lourde charge de succéder à Christian Beaupère et dont la lettre de mission a été adoptée par le Conseil communal ce lundi, a déjà pu mesurer cette réalité.
Certes, direz-vous, la Police a le monopole de l’usage de la force et de la contrainte. Elle doit le faire avec justesse et les autorités doivent être intransigeantes en cas de comportements inadéquats.
Mais il faut aussi protéger nos policières et nos policiers dans l’exercice de leurs missions.
La société connaît un estompement de la norme et du respect de l’autorité.
D’autre part, les images et leur utilisation, parfois tronquée sur les réseaux sociaux, les mettent dans une situation inconfortable.
Des jugements péremptoires sont formulés alors qu’il convient d’attendre le résultat des enquêtes internes, externes, des décisions des Cours et Tribunaux.
L’importation des situations vécues en France ou aux Etats-Unis les rendent victimes d’amalgame alors qu’ils sont d’une grande déontologie.
Notre modèle de maintien de l’ordre est très différent et prévoit la désescalade de la violence dès qu’elle est possible.
Comme l’a écrit en 1968, le Préfet Maurice Grimaud aux policiers de la Préfecture de Paris « lorsque vous donnez la preuve de votre sang froid et de votre courage, ceux qui sont en face de vous sont obligés de vous admirer, même s’ils ne le disent pas ».
Notre Police, appuyée par la population aura un rôle déterminant pour veiller au respect des règles de circulation nouvelle, pour lutter contre le deal et la consommation de stupéfiants.
A cet égard plus particulièrement, elle interviendra en appui de la Police Judiciaire fédérale, dont je salue les succès (Sky ECC) et pour laquelle, je réclame à nouveau, de meilleures conditions de travail à Liège.
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Mesdames et Messieurs, après les chocs, après les constats, après la stabilisation, il faut repartir de l’avant, bâtir l’avenir.
Les projets en cours, pour certains, en voie d’achèvement, feront de Liège, un cœur de métropole adapté aux défis de demain.
Permettez-moi de les énumérer : la mobilité tout d’abord.
Le dossier du Tram offrira à Liège dès la fin de cette année 50 hectares d’espaces publics réaménagés en conformité avec les principes de mobilité douce.
Dès 2025, les rames transporteront 305 personnes, dans chaque sens, toutes les 4 min 10 en heure de pointe.
Les extensions vers Herstal et Seraing augmenteront la zone de chalandise.
Les lignes de Bus à haut niveau de service augmenteront le réseau.
Ces lignes, dans leur conception initiale devront permettre, dans l’avenir le plus rapproché possible, la conversion au Tram.
Selon le Plan Urbain de Mobilité, la circulation à pied, à vélo, la juste place de la voiture, se mettront en œuvre dans le même horizon. Le réseau de train devra également être adapté.
Le Plan Canopée qui prévoit la plantation de 30.000 arbres d’ici à 2030 sera appliqué et si possible amplifié.
Les arbres sont en effet nécessaires pour lutter contre les ilots de chaleur en ville.
Mesdames et Messieurs, depuis 15 ans, Liège a entrepris une profonde mutation qui se traduit dans de nombreuses rénovations ou aménagements emblématiques, désormais bien connus.
Il fallait ensuite élaborer une nouvelle vision pour l’aménagement de l’ensemble du territoire afin de répondre aux enjeux prioritaires du cadre de vie, du logement, du développement économique mais aussi aux évolutions climatiques.
Les différentes crises que nous avons traversées démontrent à suffisance la nécessité de s’adapter à ces enjeux.
Il s’agit du Schéma de Développement Communal.
Aujourd’hui, aidés par les recherches des 3 bureaux d’études, nous souhaitons présenter différentes perspectives pour mieux vivre Liège demain.
« Vivre Liège demain », c’est le titre de l’exposition qui se déroule actuellement dans l’ancienne bibliothèque Jeunesse des Chiroux.
Vous y découvrirez le travail en cours et notamment les recherches menées par les équipes d’urbanistes et de paysagistes qui nous ont conseillés.
Vous prendrez connaissance des ambitions retenues par le Collège.
Celles-ci marquent un renouvellement dans nos pratiques d’aménagement avec entre autres :
la volonté de ne plus construire sur des terrains qui ne sont pas bâtis mais plutôt
de reconstruire la Ville sur la Ville,
de recycler les friches,
de densifier l’existant et de protéger
et amplifier nos espaces verts.
L’ensemble des projets en cours à Liège, et ils sont extrêmement nombreux, devront s’inspirer de ces principes.
La construction du nouvel éco-quartier de Coronmeuse et le redéploiement de Bressoux-Droixhe en sont la parfaite illustration.
Bâtiments sobres en énergies, mobilité douce avec le tram, densification, verdurisation sont les nouveaux principes.
J’y ajouterai la valorisation de la centralité.
Je me réjouis de la volonté de l’Université de ramener au centre-ville deux importantes facultés avec plus de 4.000 étudiants et de nombreux membres du personnel.
Cette vision d’avenir, en partie déjà mise en œuvre, se réalise et se réalisera dans le futur, en accord avec les forces vives liégeoises réunies au sein du GRE.
De plus, la concertation au sein de la conférence des Bourgmestres des 24 communes de l’arrondissement est permanente.
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Les élections qui s’annoncent en 2024 auront une importance cruciale pour l’avenir des pouvoirs locaux et supra-locaux.
La majorité fédérale qui sortira des urnes devra s’attaquer, au niveau fédéral, au financement des CPAS, des services de police et des corps de sapeur-pompiers.
Il faudra aussi assurer le financement des pensions des agents communaux et provinciaux.
Il n’est pas normal que ces pensions ne soient pas assumées au niveau fédéral contrairement à celles de tous les autres travailleuses et travailleurs.
Il faudra également que le pouvoir régional décide enfin de la meilleure manière de coordonner, d’orchestrer voire de simplifier les différents niveaux de pouvoir.
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Mesdames et Messieurs, après des années difficiles, le temps de la reconstruction, du déploiement, de l’ambition est revenu.
Un cadre institutionnel et règlementaire adapté, une politique d’aménagement du territoire volontariste et respectueuse de l’environnement, une action collective, un civisme renouvelé, notre enseignement, notre goût pour la culture et la cohésion sociale.
Tous ces principes mis en œuvre feront de Liège, du Pays de Liège une grande métropole à la pointe de l’Europe de demain.
Vive Liège,
Vive la Wallonie.