Mon discours lors de la Séance académique des Fêtes de Wallonie

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Dimanche 15 septembre 2024

Discours de Monsieur Willy Demeyer

 

Bourgmestre de la Ville de Liège, prononcé à l’Opéra Royal de Wallonie le dimanche 15 septembre 2024, dans le cadre du 194ème anniversaire des Événements de 1830 et de la célébration des Fêtes de Wallonie.

 

© Michel Houet

 

Mesdames et Messieurs,

 

La législature qui s’achève a constitué une très dure période pour Liège.

Nous avons affronté une succession d’épreuves sans précédent dans l’histoire.

En mai 2018, nos policières sont assassinées sur le Boulevard d’Avroy.

Dès la fin 2018, le mouvement social des Gilets jaunes se fait jour. Cette tension sociale perdurera pendant une grande partie de l’année 2019.

Au début de 2020, une crise sanitaire touche le monde entier, le coronavirus ou Covid 19. Elle est encore présente dans toutes les mémoires et je ne vais pas en détailler les affres.

De nombreuses manifestations, dont une émeute et des actes d’hostilités envers les services publics et la Police se déroulent.

En juillet 2021, des inondations d’une ampleur inédite ravagent notre région. A Liège, 3 quartiers sont particulièrement touchés : Angleur, Chênée et Jupille. 6.500 logements sont impactés ainsi que de nombreuses entreprises et bâtiments communaux.

Et surtout, 13.780 personnes sont touchées dont 2, décédées.

Ici aussi, la mémoire reste vive et je ne rappellerai pas le lot de douleurs, de labeur mais aussi de solidarité dont Liège a bénéficié.

Une attaque informatique d’ampleur touche les services communaux, entravant leur action, en faveur de la population.

En février 2022, la guerre frappe aux portes de l’Europe, la Russie envahit l’Ukraine.

Il s’agit alors d’organiser l’aide humanitaire et l’accueil des réfugiés.

Cette crise provoque une hausse vertigineuse des dépenses énergétiques, qui doublent.

S’ensuit une période inflationniste aigue.

Des sauts d’index se succèdent, qui font exploser la masse salariale, mais aussi le coût de toutes les prestations : contrat d’assurance, fournitures de matériaux, carburant, …

J’ajouterai pour terminer une succession d’accidents et de catastrophes dont, très récemment, l’incendie de la Tour Kennedy.

Très peu de villes dans l’histoire ont connu une telle succession d’événements (2 Guerres mondiales).

 

Avec l’aide de la Région, l’action des services publics, la détermination des autorités (Conseil, Collège, Bourgmestre), le dévouement du secteur associatif et des bénévoles nous avons surmonté les épreuves.

Nous sommes restés fidèles à la citation de Michel de l’Hospital « Plus que tous les ans domptés, les Liégeois ont toujours relevé leurs crestes ».

Permettez-moi d’ajouter à l’énumération une dernière difficulté de grande envergure.

Liège a été ouverte sur toute sa longueur de Sclessin à Coronmeuse par les travaux du Tram.

Ce Tram que j’ai voulu, mis en œuvre par la Région Wallonne et plus particulièrement par l’Office des Transports Wallon.

 

Pourquoi un Tram ? Il s’agit tout d’abord d’un moyen de transport performant.

Il s’agit aussi d’un chantier d’aménagement du territoire avec 50 hectares d’espaces publics rénovés tout au long du parcours.

Il s’agit encore d’un levier économique d’importance tant du point de vue immobilier que de celui de l’installation et du fonctionnement des entreprises.

Il s’agit enfin d’un bienfait pour l’écologie et le cadre de vie.

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Mesdames et Messieurs,

 

Vous avez été nombreux et nombreuses à solliciter mon avis quant à la récente décision du Gouvernement wallon de ne pas réaliser les extensions vers Herstal et Seraing.

D’une part, l’argent public doit évidemment être utilisé parcimonieusement et à bon escient.

D’autre part, il faut respecter les mandataires qui exercent leurs responsabilités.

C’est la raison pour laquelle, après m’être entretenu avec lui, j’ai écrit au Ministre en charge du dossier afin d’être informé des données qui ont fondé la décision. Cela me permettra de m’exprimer en connaissance de cause.

Il n’en reste pas moins vrai que toutes les Métropoles doivent être dotées d’un moyen de transport structurant, et que beaucoup le sont.

Liège, capitale économique de la Wallonie, est une Métropole génératrice de richesses avec 110.000 postes de travail, une Université complète, des Hautes Ecoles, des centres de recherche, les plus grands centres commerciaux de Wallonie, de grandes institutions culturelles.

Nous devons être, toutes et tous particulièrement attentifs au sort de quelques-uns de nos fleurons, Ethias et NRB, la FN, RESA, Noshaq, Wallonie Entreprendre. Il s’agit là d’une part importante de notre tissu économique.

Une Région ne peut pas se développer contre ou sans ses Métropoles. Il ne faut pas opposer les villes et les campagnes, l’urbanité et la péri-urbanité.

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Mesdames et Messieurs,

 

La centralité inhérente aux Métropoles présente beaucoup de facettes positives mais aussi quelques inconvénients. La précarité y côtoie la prospérité.

A Liège, la fin des travaux du Tram rend plus sensible, la présence sur l’espace public, du triptyque sans-abrisme, toxicomanie et mendicité.

Ces 3 phénomènes ne se superposent pas mais s’entremêlent.

La Ville de Liège, pionnière, s’est toujours investie dans ces matières en mettant en place un plan global et intégré. Les moyens de la Police ont toujours été importants. Ils ont augmenté de 50% durant la législature, passant de 58,6 M € à 88,2 M€.

Les budgets sociaux ne sont pas en reste avec une augmentation de 60%.

Permettez-moi d’aborder plus précisément le problème de la drogue. Toutes les villes et villages sont touchés en Europe et dans le monde.

Les cartels attaquent commercialement les démocraties.

Sous leur impulsion les habitudes de consommation se sont modifiées au profit de la cocaïne, qui entraîne la nécessité de prise de drogues plus fréquentes et plus d’agitation sur l’espace public.

Sur le plan judiciaire, notre Police lutte évidemment contre le deal de rue. Tous les services sociaux publics et privés sont également déployés.

Cependant, tous les intervenants considèrent que le système actuel est insatisfaisant et n’offre pas de solution aux personnes concernées, à notre population et aux travailleurs sociaux et policiers.

C’est la raison pour laquelle, j’ai adressé une longue lettre au Formateur fédéral, Bart De Wever, sollicitant la tenue d’une conférence nationale drogue afin d’élaborer un plan de lutte global et intégré.

Je lui ai demandé d’opérer un certain nombre de réformes.

Parmi toutes les mesures proposées, permettez-moi d’en mettre 2 en évidence.

Tout d’abord, la Police fédérale doit être renforcée, particulièrement dans ses services d’enquête, afin de frapper les mafias à la tête.

Ensuite, afin de préserver la quiétude des centres-villes et de se préoccuper du sort des personnes, je réclame l’ouverture de centres d’hébergement et de soins tels que ceux qui existent au Portugal, en Catalogne, autour de Barcelone, ou plus près de nous encore aux Pays-Bas.

Mesdames et Messieurs, j’en suis convaincu, sans ces mesures fortes, nous n’en sortirons pas.

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Malgré tous ces éléments, le bilan du Collège est impressionnant. Nombre de décisions

Je pourrais l’évoquer devant vous très longuement.

Je me limiterai à quelques aspects :

En matière d’aménagement du territoire et du cadre de vie, nous avons adopté un Schéma de Développement Communal qui vise à reconstruire la ville sur la ville et à prioriser les investissements sur les friches plutôt que sur les terrains vierges.

La construction en hauteur est également privilégiée. Des milliers et des milliers de permis ont été délivrés dans cette philosophie pour des petits grands dossiers.

5 projets d’ampleur et de longue haleine se sont déployés :

en descendant la Meuse, Val Benoît, Guillemins, Bavière, Coronmeuse et Bressoux-Droixhe.

Nous avons créés et rénovés des espaces verts, le parc Astrid, le Jardin Botanique, le site Palmolive dans le Longdoz, le Parc de Péralta, les projets à Chênée et à Rocourt.

Le Plan Canopée avec plus de 6.000 arbres déjà replantés s’ajoute au dispositif qui doit adapter Liège à l’évolution climatique.

La collaboration développée avec la Ceinture Aliment-Terre nous permettra bientôt de disposer d’une légumerie-conserverie qui viendra utilement compléter les différents projets de maraîchage qui ont vu le jour sur des terrains communaux.

En matière de travaux publics, je pourrais énumérer de nombreux chantiers de voiries et de bâtiments.

J’épinglerai notre nouvelle Cité administrative « Zero carbone », indépendante énergétiquement et nos 2 nouvelles piscines de Jonfosse et d’Outremeuse en attendant celle de Grivegnée.

L’investissement dans l’humain a été important également : crèches, garderies, des repas sains et gratuits, la jeunesse sans oublier les aînés et une attention pour notre personnel communal.

Plus fondamentalement encore, nous avons jeté les bases solides pour le redéploiement de notre ville, il conviendra de parachever l’œuvre.

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Mesdames, Messieurs,

 

Au moment où nous sommes, il ne faut pas préjuger des politiques qui seront menées lors de la prochaine mandature communale.

Permettez-moi cependant d’esquisser quelques axes :

En matière de mobilité, il faudrait, avec la Région, développer mieux notre réseau cyclable et assurer une desserte de bus de qualité dans nos quartiers.

En matière d’adaptation climatique, il faudrait poursuivre l’effort avec une attention particulière pour le dossier emblématique de la Chartreuse.

En matière de logement, politique particulièrement importante, il faudrait poursuivre l’opération de prise en gestion, par la Ville, des immeubles inoccupés.

L’action Housing First en faveur des personnes à la rue devrait amplifiée.

Et il conviendrait de se pencher sur l’accès à la propriété, à Liège, pour les jeunes.

Enfin, le commerce a été et reste particulièrement touché par l’ensemble des phénomènes que j’ai abordé ce matin.

Il conviendrait, à l’occasion de la mise en service du Tram, de mettre en œuvre un ambitieux plan de relance pour le Commerce Liégeois qu’il s’agisse des commerces existants ou d’activités à installer au centre-ville et dans les quartiers.

Au moment de conclure, mes remerciements vont à tous les acteurs publics et privés qui ont affronté cette période difficile et ont veillé sur les Liégeoises et les Liégeois.

En effet, notre engagement n’a de sens qu’en faveur de la collectivité, dans sa diversité, de ce qui rassemble plutôt que ce qui divise, de la bienveillance plutôt que de la haine.

C’est aussi tout le sens des Mérites Liégeois que le Collège va décerner dans quelques instants.

Je vous remercie pour votre attention.

 

Vive Liège,

Vive la Wallonie.

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