Sire,
Majesté,
Monsieur le Président de la République française,
Monsieur le Premier Ministre,Le 4 août 1914, il y a cent ans jour pour jour, l’invasion de la Belgique marquait le début de « la grande guerre ».
Le 4 août 1914, il y a cent ans jour pour jour, Jean Jaurès, apôtre et martyr de la Paix, était inhumé.
Il était le premier citoyen victime de la Première Guerre Mondiale, conflit dont Liège et sa Région ont constitué le premier champ de bataille.
Parce que neutralité ne rime pas avec passivité, pendant une dizaine de jours, sous la conduite du Roi-Chevalier et du Général Leman, les belges ont tenu Liège.
« Ce que la résistance de Liège a offert aux alliés, ce n’est ni deux jours, ni deux semaines, c’est un idéal et un état d’esprit », a écrit l’historienne Barbara Tuchman.
Liège, ville francophone la plus septentrionale, aux confins des mondes latin et germanique, était sans doute désignée pour être la première métropole martyre de ce conflit.
Et cela reste le destin de Liège, au cœur de l’Europe, ouverte et connectée, de résister à ceux qui représentent un danger pour la liberté.
Le 4 août et les jours qui suivirent ont marqué l’internationalisation du conflit.
Ils ont aussi dévoilé au monde le courage des autorités politiques, et militaires ainsi que de la population belges.
Ces journées ont aussi immédiatement révélé le sort terrible que cette guerre allait réserver aux populations civiles, élément de la stratégie de l’occupant.
Permettez-moi ici de saluer la mémoire du Bourgmestre Gustave Kleyer.
Pendant 4 ans, il exerça à merveille son rôle de premier magistrat de la Cité en exhortant la population à garder son sang-froid pour éviter les représailles et la mise à sac. Il organisa l’assistance et la solidarité. Qu’il soit à nouveau honoré.Mais ces événements allaient aussi sceller des liens heureux, profonds, puissants, indéfectibles entre Liège, la Belgique, Paris et la France.
Plus que des mots, je vous invite à découvrir des images qui montrent avec force et justesse ce qui s’est passé il y a cent ans.
Le 24 juillet 1919, le Président français Poincarré – avec son gouvernement et le conseil municipal de Paris au grand complet – est venu ici, en notre Hôtel de Ville, en présence du Roi des belges Albert 1er et de la Reine Elisabeth.
Il remit à la Ville de Liège la Croix de la légion d’honneur, exposée aujourd’hui devant vous.
Des centaines de milliers de personnes en liesse se pressaient dans les rues de Liège.
La population célébrait ainsi en masse la reconnaissance par la France du sacrifice de l’armée belge et de la population liégeoise, sacrifice qui permit à nos deux pays de s’organiser et à Paris de se protéger.
Cette journée de l’été 1919, apothéose de l’amitié belgo-française, est à jamais inscrite en lettres d’or dans l’histoire de notre Cité.
Bien sûr, parce qu’elle signifie la fin des souffrances inutiles et la victoire des alliés.
Mais aussi parce qu’elle soulignait la priorité commune que nous avons donnée à la défense des valeurs universelles sur les intérêts immédiats et les calculs partisans.
Depuis cet événement, les relations entre Liège et la France se sont avec le concours de l’Association des Amitiés françaises sans cesse renforcées.
Dans tous les domaines, qu’ils soient économique, universitaire, culturel, sportif, artistique, des milliers de français sont installés chez nous et œuvrent au développement de la Métropole liégeoise.
Amie de Paris, jumelée à Lille et Nancy, capitale de la résistance comme Lyon, fille de Meuse comme Verdun, festive comme Marseille, spécialisée dans l’aéronautique comme Toulouse, amoureuse de la BD comme Angoulème, primée à Cannes grâce aux talents de ses réalisateurs et producteurs, accueillant les grands départs du Tour de France, …
Liège s’est encore rapprochée de la France et de Paris depuis 2002 grâce au Train à Grande Vitesse qui relie la Cité ardente à la Ville-lumière en 2 heures à peine.
Sire,
Majesté,
Monsieur le Président de la République française,
Monsieur le Premier Ministre,Depuis 100 ans, la Belgique, la France, les liégeoises et les liégeois partagent plus encore le même espoir.
L’espérance d’un monde meilleur, où la solidarité et la paix supplanteraient définitivement le repli sur soi, la haine de l’autre et l’exaltation nationaliste.
Formulons le vœu que les 100 prochaines années transforment cet espoir en réalité.
Vive la Belgique,
Vive Liège,
Vive Paris !
Vive la France !
Mardi 19 août 2014