Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Permettez-moi de consacrer cette intervention aux quelques éléments essentiels qui se dégagent des différents documents budgétaires qui seront soumis à votre approbation demain.
En effet, le contenu du budget et des mesures de gestion a déjà été présenté lors des 2 longues séances de commission qui se sont tenues la semaine dernière.
Je tiens d’ailleurs à remercier ici les membres de l’Administration qui ont participé à l’élaboration des budgets et qui ont répondu à vos questions en commission.
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Nous avons entamé cette législature communale par l’adoption, aux mois de mai et juin 2013, de notre Projet de Ville et de notre budget 2013.
A l’époque, j’avais insisté sur la nécessité de disposer d’un document cardinal, fixant un cap et des priorités, car le contexte budgétaire était déjà très difficile.
J’annonçais à l’époque que le Collège se donnait 2 ans pour prendre les mesures structurelles qui devaient nous ramener à l’équilibre budgétaire.
Nos réserves, constituées par notre gestion parcimonieuse, nous laissaient le temps de prendre ces mesures, et d’éviter des situations extrêmes comme on a pu en voir dans d’autres communes.
Aujourd’hui, je ne peux cacher ma satisfaction de voir cette promesse réalisée.Le budget 2015 est en effet, comme vous le savez désormais, présenté à l’équilibre, et sans prélèvement dans nos réserves.
Ce travail se doit être apprécié à sa juste valeur, compte tenu du déficit de départ qui résultait de l’application des critères de la circulaire wallonne et qui s’élevait à 42,3 millions d’euros.
Je voudrais ici revenir sur 3 causes importantes de nos difficultés budgétaires :
Il y a tout d’abord la perte de 3 millions d’euros dans le fonds des communes, qui résulte de l’application progressive des nouveaux critères de répartition. Heureusement que nous avions négocié et obtenu l’inscription dans le décret du mécanisme du « cliquet » : celui-ci va s’appliquer dès cette année, et sera perçu en 2016. Il s’agit d’un élément déterminant pour l’avenir puisque nous sommes désormais assurés que notre dotation ne sera jamais inférieure à celle de l’année précédente. Il s’agit d’un facteur important de stabilité.
Il y a ensuite les effets de cette crise financière, amplifiés par la l’idéologie des institutions européennes en matière budgétaire et en matière de dérégulation des marchés. Cette politique menace nos capacités d’investissements, et menace le modèle économique de nos intercommunales.
Dans ce contexte, je ne peux ici que répéter toute mon inquiétude et mon opposition à la volonté du Gouvernement fédéral d’instaurer une taxation sur les dividendes des intercommunales, au motif de favoriser la concurrence avec les entreprises privées ! Car il est clair que taxer les dividendes des intercommunales, c’est prendre l’argent dans la poche des communes ! Cette mesure est purement idéologique et menace l’emploi local et le financement des services publics.
Enfin, il y a cette cotisation de responsabilisation en matière de pension, d’une ampleur totalement hors norme et qui est particulièrement injuste pour notre Ville. Je rappelle que cette cotisation rompt l’équilibre que nous avions trouvé dans le cadre de la réforme du fonds des communes en 2008.
La Région l’a bien compris et nous a aidé à trouver une prise en charge extérieure l’année dernière. Cette année, compte tenu des nouvelles normes européennes SEC, la solution ne peut être appliquée à l’identique mais il y a une volonté de la Région de trouver une alternative durable.
Ici encore, je ne peux que regretter le mutisme du Gouvernement fédéral : je n’ai entendu aucune piste de réforme du financement des pensions locales de la part du Ministre des pensions ! Si je peux me permettre une suggestion à l’égard de la Présidente du Sénat : ne lâchez pas le morceau, et remettez à l’agenda la taxation des transactions boursières, comme vous l’avez fait récemment sur les ondes radio. Vous trouverez là-bas des sources de financements qui vous permettront de venir en aide aux pouvoirs locaux.
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Trouver 42 millions d’euros en quelques semaines ne s’improvise pas. Je tiens ici à saluer l’implication des membres du Collège, du Président du CPAS, du Chef de corps de la Police et de nos grades légaux dans cette tâche.
La philosophie de notre travail s’est basée sur les principes suivants :
- Ne pas briser la confiance retrouvée auprès des habitants, des investisseurs, des touristes. Il était évidemment fondamental de continuer à aller de l’avant, pour augmenter notre offre de logements et pour offrir des perspectives d’emplois à nos citoyens.
- Conforter le rôle de Métropole de la Ville de Liège. C’est en cela que nous avons travaillé à des solutions de financement supplémentaires pour boucler le budget extraordinaire : je pense ici au cofinancement supracommunal, ou encore à l’utilisation de notre fonds de réserve, alimenté grâce à la vente des bâtiments.
- Rendre les services publics plus efficients. Pour cela, nous donnons un signal fort à notre personnel : vous pouvez travailler dans la sérénité et vous concentrer sur le service au citoyen. Les nominations seront poursuivies et il n’y aura pas de licenciement collectif. Les services vont être réorganisés pour répondre aux attentes de la population.
- Protéger le pouvoir d’achat des Liégeois. C’est essentiel en cette période de crise. C’est la raison pour laquelle nous avons jugé essentiel d’épargner les revenus du travail.
- Maintenir le cap fixé par le Projet de ville. L’évaluation qui a été réalisée montre que nous sommes sur la bonne voie.
Ce travail de retour à l’équilibre était d’autant plus indispensable qu’il conditionnait, je l’ai dit, toute négociation avec la Région concernant notre problématique pension. Nous devions en effet démontrer que nous parvenions à réaliser notre part d’effort, afin d’obtenir son soutien sur le financement des pensions.
Quand j’entends certains demander de mener une fronde contre la Wallonie, je me dis (et je leur dit) qu’ils ont tout faux. Il suffit de voir la part de travaux subsidiées et les prêts exceptionnels octroyés pour comprendre l’ampleur de l’aide que nous apporte la Wallonie.
Mais ces aides, elles ne tombent pas du ciel. C’est par la qualité de nos dossiers et par la maîtrise de nos budgets que nous les avons obtenues.
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Avant de céder la parole à l’Echevin des finances, permettez-moi d’insister sur les mesures structurelles qui sont traduites dans ce budget 2015.
En matière de personnel, nous avons entamé un vaste travail de réorganisation afin de nous interroger sur la pertinence du service rendu. Nous avons identifié une série de pistes qui sont reprises dans le plan de gestion : les mises à dispositions au bénéfice de tiers, la production des plantes, la fourniture des repas, le contrôle du stationnement, l’information aux jeunes, etc. Grâce à ces mesures, nous parvenons à maîtriser notre masse salariale.
En matière de fonctionnement, nous avons décidé de réduire notre volume de bâtiments, afin de réaliser des économies d’énergie. Nous avons également décidé de plusieurs investissements porteurs d’économies.
En matière de gestion de notre dette, je salue le travail réalisé pour passer en revue nos différents emprunts et profiter des conditions du marché.
Mais c’est peut être dans le domaine des synergies que nous avons fait les plus grands pas.
En effet, dès ce lundi, ce sont 6 agents de la ville qui sont venus renforcer les services du CPAS. Au total, ils seront 22 affectés à ces missions essentielles que sont l’aide aux personnes les plus fragiles. Il s’agit là d’un signal politique fort : nous voulons renforcer le CPAS dans ses missions en augmentant ses agents de terrain.Mais, pour parvenir à un équilibre, nous allons ramener dans les locaux de la Ville les services dits généraux. Car nous ne pensons pas que dupliquer les services du personnel, de l’informatique, des finances,… améliore la qualité du service rendu.
Ensuite, dans le courant de l’année 2015, nous démarrerons des travaux porteurs de synergies entre la Ville, le CPAS, la Police : les archives rue de la tonne, la salle informatique à l’Hôtel de police.
On le voit, l’intégration des 3 entités est poussée.Cela étant, compte tenu de l’ampleur de l’effort à réaliser, il n’était pas envisageable de le faire reposer sur les seules dépenses. Une Métropole de 200.000 habitants doit en effet disposer d’un service public à la hauteur de son statut.
C’est la raison pour laquelle nous avons également activé le volet des recettes, avec la préoccupation d’épargner les Liégeois, comme je l’ai évoqué précédemment.
Au final, l’objectif est atteint : beaucoup de Liégeois ne paieront pas plus en 2015, car nous avons épargné les revenus du travail et compensé l’augmentation du précompte immobilier par une diminution de la taxe urbaine.
Pour ceux qui seront touchés, l’augmentation sera marginale : un quotidien de la place évoquait récemment une hausse de 7,5 euros par an, pour une habitation moyenne, comme beaucoup de famille en occupent.
Ce faisant, nous avons tenu promesse lorsque nous évoquions, dans la Déclaration de politique communale, comme 1e priorité d’aider les citoyens en luttant contre le coût de la vie.
Nous avons en outre veillé à ne pas pénaliser les investisseurs, en préservant la possibilité d’exonération de précompte et en supprimant la taxe sur les constructions.
Oui, Liège est et reste attractive ! Le nombre de permis délivrés chaque année est un indicateur infaillible à cet égard.Au final, nous avons réussi à établir un équilibre dynamique, qui nous donne des perspectives encourageantes pour les 5 prochaines années.
Nous disposons en outre de réserves qui doivent nous permettre d’affronter les coups durs qui pourraient survenir à l’avenir.
Si je suis donc confiant, je reste prudent, compte tenu des menaces extérieures qui pèsent sur les finances communales.
C’est la raison pour laquelle je plaide pour que les différents groupes de notre Conseil s’unissent pour défendre notre Ville et les intérêts des Liégeoises et des Liégeois partout où disposent d’un pouvoir d’influence !
Je vous remercie et cède la parole à M. Firket.
Jeudi 18 décembre 2014
Budget 2015