Willy Demeyer : Celui qui ne sera plus que bourgmestre de Liège évoque l’actualité et le futur. Gazette de Liège
Ce jeudi après-midi, il a pris la parole pour la dernière fois à la Chambre des représentants, là même où il est élu depuis 2014. Il, c’est bien entendu le bourgmestre de Liège Willy Demeyer (PS), lui qui pourrait en outre fêter ses vingt ans de maïorat en 2019. Avant cela, bien entendu, il faudra pour lui comme d’ailleurs pour sa formation politique, encore sous le choc du scandale Publifin-Nethys en terres liégeoises, passer le cap des élections communales prévues l’an prochain. Un an avant cette échéance importante et alors même qu’il va quitter le niveau fédéral pour se consacrer à son mandat communal, l’ancien président de la fédération liégeoise du PS se livre. Et ce tant sur sa décision jugée personnelle de quitter son poste de député, lequel sera dévolu dès le 9 novembre prochain au bourgmestre de Waremme Jacques Chabot, que sur les projets encore à mettre en œuvre durant cette législature et sur ses ambitions futures.
Quel est votre sentiment à l’heure de quitter vos fonctions de député et pourquoi donc avoir fait ce choix ?
Il s’agit d’une décision purement personnelle, sans aucun jugement de valeur sur les questions liées au cumul des mandats et des rémunérations. Elle remonte en fait à l’été 2016 et cela a concerné également mes fonctions internes au PS, qu’il s’agisse de la fédération provinciale ou de celle d’arrondissement. Si j’ai fait ce choix, c’est pour me consacrer au processus "Réinventons Liège" lancé il y a peu et pour répondre aux questions sociales qui se posent. Il y a aussi le fait que les dossiers communaux sont désormais de plus en plus complexes à gérer et qu’il convient davantage pour la Ville d’être un ensemblier.
Peut-on donc parler de repli ou de recentrage sur Liège et en quoi vont donc consister vos projets futurs ?
Ma volonté est clairement de donner un nouvel élan à la Ville, et ce pas uniquement durant la dernière année de la législature en cours. Je vais donc me consacrer non pas à 100 mais à 200 % à Liège afin de régler les problèmes sociaux qui se posent et de mettre en place une véritable politique de rupture. En termes de mobilité mais également d’environnement et de développement durable ou encore de circuits courts. Le collège communal est plus uni que jamais et beaucoup de dossiers avancent. Je veux désormais mettre à profit l’expérience qui est la mienne, au travers notamment des nombreux voyages effectués dans d’autres villes. Il y a en effet une nouvelle manière de gérer les villes en intégrant davantage les nouvelles technologies. L’objectif est de savoir comment vivre mieux et moins cher.
Pouvez-vous donner quelques exemples pratiques de ce que devrait être selon vous le Liège de demain ?
Il s’agit notamment de renforcer la participation citoyenne mais aussi, dans le registre de la mobilité, de libérer davantage l’espace public de la voiture. Les dossiers du tram qui est une quasi-certitude et du réseau express liégeois en cours d’élaboration avec la SNCB et Infrabel en sont des moyens ainsi que la création de parkings relais. En ce qui concerne le domaine environnemental, mon ambition est de faire de Liège une ville en "zone 30", et ce à quelques exceptions près. Cela ne va peut-être pas plaire à tout le monde dans un premier temps mais je veux poser des gestes clairs dans les mois et les années qui viennent. La volonté est également de soutenir l’agriculture urbaine et les circuits courts dès que cela est possible. Au total, une septantaine de projets novateurs sont en ce moment à l’étude. Aucun budget global n’est encore défini mais il doit s’agir de véritables fils rouges.
"Une priorité donnée à l’enseignement communal"
Il est des matières comme la mobilité, le commerce ou le logement dans lesquelles la Ville est tributaire des autres niveaux de pouvoir. Que peut-elle donc faire ?
Il est vrai que des soucis existent et font écho au statut de métropole qui est celui de Liège. La supracommunalité est un des moyens afin de pouvoir mieux se coordonner et c’est ce que les bourgmestres de l’arrondissement viennent de faire au travers du schéma de développement territorial. Cela doit constituer un fil rouge de la politique à mener à côté des autres définis au niveau communal. J’observe aussi que bien souvent, les règles ne sont pas les mêmes en Wallonie qu’en Flandre. Concernant la question du cadre décrétal, cela avance mais trop lentement et je compte donc relancer le dossier au niveau de la Région.
La thématique de la sécurité est omniprésente. La police a-t-elle selon vous les moyens de ses ambitions ?
Ce que je peux vous dire est que la Ville est attentive au report de charges toujours plus important vers les pouvoirs locaux et notamment les zones de police. Et ce qu’il s’agisse du maintien de l’ordre public, du suivi des libérés conditionnels, puisque vous évoquez l’affaire judiciaire en cours, ou encore du radicalisme. Les moyens humains ne sont pas suffisants or la population veut une présence policière dans les quartiers. Il faut donc tenter de rééquilibrer les choses.
Le budget communal 2018 est en cours d’élaboration en ce moment. Que pouvez-vous déjà nous dire à ce sujet ?
Je dois arbitrer les investissements à opérer mais une priorité sera donnée à l’enseignement communal. Une inquiétude est constituée par la problématique des pensions et la cotisation de responsabilisation qui nous coûte de plus en plus cher. Cela devient difficile et il n’y pas encore de solution à ce stade.
Appréhendez-vous les élections communales et quid d’une éventuelle future liste du bourgmestre à Liège ?
Je ne suis pas inquiet. Le seul sondage valable, ce sont les élections. J’ai un bon rapport avec la population et je suis le seul candidat à être bourgmestre. Concernant la future liste, j’ai autour de moi un mouvement de personnes qui me soutiennent. A Liège, les couleurs socialistes seront arborées avec fierté en 2018.
Bruno Boutsen
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