Selon Théodore Gobert, « Durant la longue existence de la principauté liégeoise, le Perron a été adopté comme le palladium de notre nationalité. Présentement encore, il continue à dominer glorieusement au centre de la place du Marché. Il forme la pièce unique du sceau de la ville, le meuble unique aussi de ses armoiries ».
Le Perron symbolise tellement Liège que Charles Le Téméraire après le sac de la ville en 1468, l’expédiera à Bruges comme symbole de l’anéantissement des Liégeois.
Le Prince Evêque Louis De Bourbon profitera du décès de Charles Le Téméraire en 1477, pour organiser le retour à Liège du Perron.
A cette occasion, sur l’une des faces du piédestal fut gravée cette inscription :
« LE PERRON QUE LIEGE REGARDE AVEC ORGUEIL
COMME L'EMBLEME SACRE DE LA PATRIE
FUT REPLACE SUR CE PIEDESTAL LE 10 JUILLET 1478.
LIEGE OU VIVENT LES ARTS, LIEGE NOUVELLE ATHENES,
CHARLES T'A RUINEE ET COUVERTE DE CHAINES !
LOIN DE TOI, PAR SON ORDRE A BRUGES EXILE,
J'Y SUIS RESTE DIX ANS, D'OUTRAGES ACCABLE.
MAIS CES TEMPS SONT PASSES DE SERVITUDE AMERE
ME VOICI DE NOUVEAU SUR TON SEIN, O MA MERE ! »
A 2 jours près, 541 ans plus tard, le Perron est à nouveau rendu aux Liégeois.es.
L’histoire de notre Perron, raconte Liège, son évolution politique et culturelle.
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Car au fil du temps et de l’autonomie urbaine, le Perron, sans cesser de servir d'organe au prince, et au corps scabinal, comme il l'avait fait jusque-là, devint un organe de publicité réellement municipal et un symbole de la liberté communale.
Tandis que le prince y promulguait les édits et ordonnances, que le Perron servait aux échevins pour faire connaître le cours légal des monnaies, le prix du pain, les décrets de bannissement, etc., ce qu'on appelait très justement cris du perron leur servait aussi de moyen d'instruction.
La Cité les employait pour proclamer les admissions à la bourgeoisie, les règlements de police, pour déterminer les ouvertures des foires et des marchés, etc.,
Le Perron « sanctionnait, par sa présence, tous les actes principaux de la vie nationale…. Il demeura en toutes les graves circonstances, le symbole le plus fidèle des droits et des franchises des Liégeois » raconte Godefroid Kurth.
Même si cette partie de l’histoire n’est plus connue des Liégeois.es, dès qu’ils ont des revendications ou des indignations, c’est toujours au pied du Perron qu’ils se font entendre.
Je ne résiste pas à l’idée d’imaginer le retour du Cry du Perron, où le vendredi après-midi, nous pourrions faire connaître les décisions prises par le Collège.
Trêve de plaisanterie, la charge symbolique du Perron est importante et à ce titre, il nous appartient de veiller à sa sauvegarde et à son entretien.
Il s’agit d’un travail minutieux, qui implique diverses techniques et disciplines. En effet, il n’y avait pas de style déterminé pour ériger les Perrons, en dehors de la Croix de juridiction.
L’ornementation était laissée à l’initiative des différents artistes : graveurs, sculpteurs ou peintres choisis au fil du temps pour en assurer la mise en valeur.
Le Perron a ainsi varié au fil du temps et au gré des inspirations.
C’est ainsi que Jean Del Cour, en 1697, décida d’y placer ses 3 Grâces alors que la colonne du Perron, repose sur trois marches, elles-mêmes portées par quatre lions.
Les bassins de la fontaine eux aussi connaîtront des changements puisqu’au 20ème siècle, la fonte et la pierre de taille remplaceront les marbres originels.
La restauration de ce monument inscrit au Patrimoine exceptionnel de Wallonie nécessite évidemment le soutien de différents intervenants dont l’Agence Wallonne du Patrimoine qui assure la majorité de la prise en charge mais également la Province et la Ville de Liège à hauteur de 26%.
Au-delà de notre intervention financière, nous sommes également très heureux de compter sur le savoir-faire et l’expertise de nos agents.
En effet, la coordination des travaux de restauration, avec le Bureau Greisch, a été confiée à une historienne de l’art du Service de la Gestion de l’Espace Public et les tailleurs de pierre et les fontainiers de la Ville ont, tout au long du chantier, mis leur expertise au service du projet.
Demain, c’est à eux que reviendra la charge d’assurer le bon entretien de cet édifice emblématique.
Je profite de l’occasion pour remercier les entreprises « Galère » et « Laurent Labat » pour la qualité du travail effectué sans oublier Alexandre Callet, sculpteur, à qui l’on doit la rénovation de la colonne et des 3 Grâces.
Je tiens également à souligner la présence parmi nous de jeunes conseillers du Conseil communal des enfants qui par leur présence perpétueront l’histoire de la symbolique du Perron.
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